Le snowpark d’Arare a vu le jour en 1992 à Avoriaz (domaine des Portes du Soleil). Pionnière dans les Alpes du Nord, cette station a conservé son avance. Elle dispose aujourd’hui d’une gamme d’infrastructures parmi les plus larges en France avec pas moins de sept zones aménagées pour tous les niveaux, débutants ou confirmés et tous les âges. Le snowpark est également ouvert aux skieurs. Voilà de quoi occuper Jean-Noël Calvet à l’année !
Chef de service des Espaces Nouvelles Glisses d’Avoriaz, Jean-Noël est monté sur un snowboard à l’âge de 14 ans. En 1999, à l’âge de 25 ans, il commence à « shaper » le snowpark d’Avoriaz en tant que chauffeur de dameuse (NDLR : construire les bosses). Aujourd’hui, il a 42 ans et 10 personnes sous sa responsabilité.
Travelski : Quel parcours professionnel avez-vous eu pour arriver à ce poste, est-ce un métier choisi ?
Jean-Noël Calvet (J-N.C.) : Après des études à L’École polytechnique fédérale de Lausanne. J’ai eu l’honneur de servir mon pays pendant 10 mois en tant que chasseur alpin au 27e BCA. Puis, je me suis essayé au métier de commerçant pendant une saison à Avoriaz, mais ça m’a énormément frustré de rester le nez collé sur les vitrines à regarder les gens profiter de la neige !
J’ai donc décidé d’aller travailler dehors et de faire mon métier de « shapage » de bosses (ndlr : la construction, le façonnage).
Ma première expérience a d’abord été en tant que chauffeur de snowpark pendant la saison 1999-2000. J’ai dû apprendre beaucoup de choses sur le tas ! J’ai fait évoluer les snowparks d’Avoriaz au cours des années qui ont suivi, petit à petit.
Travelski : En quoi consiste votre métier ?
J-N.C. : C’est un métier qui peut être très varié. Outre la gestion du personnel au quotidien, c’est-à-dire :
- un chef d’équipe chauffeur,
- trois chauffeurs,
- un chef d’équipe et adjoint shapeur,
- et 4 shapeurs,
il y a bien sûr la question de la sécurité de nos clients sur nos snowparks, ce qui demande une certaine vigilance. Il faut garder un lien étroit entre les shapeurs et les chauffeurs pour bien faire évoluer toutes nos zones tout au long de la saison.
Il y a aussi l’accueil et l’organisation d’une multitude de manifestations en essayant de gêner au minimum nos clients des snowpark qui sont en vacances à ce moment-là. Aujourd’hui, on nous demande également d’être performant sur les réseaux sociaux. Et quand vous avez géré tout ça au mieux et que vos patrons sont contents de vous, il n’y a plus qu’à trouver des nouveautés pour l’année d’après ! On a donc des journées et parfois des soirées bien remplies…
Travelski : Combien de zones avez-vous à gérer et avez-vous une idée du nombre de passages dans chacune ?
J-N.C. : Je m’occupe de sept zones :
- Le Snowpark de la Chapelle qui est un snowpark évolutif et ludique avec trois lignes de modules, une verte, une bleue et une rouge, il enregistre 380 000 passages par saison.
- Le Snowpark d’Arare pour les riders experts que nous venons d’équiper d’un compteur de passages.
- Tout comme le Stash, le plus grand snowpark écologique d’Europe, implanté dans la forêt et composé uniquement d’éléments en bois et en neige. Il fait référence, initié par Jake Burton (NDLR : le fondateur de Burton, la marque leader en snowboard), il a même été élu meilleur spot du monde par la chaîne CNN.
- Le Lil’Stash, la déclinaison du Stash pour les plus jeunes, il s’agrandit cet hiver et remplace Le Snowparks des Trashers qui enregistrait 110 000 passages par saison.
- Les 2 half-pipes : un petit pipe pour s’initier et un superpipe en front de neige, ils font 80 000 passages par saison.
- Le boarder-cross, pour se challenger entre amis ou en famille.
En tout, nous avons 125 kickers de rails ou tables à entretenir tous les jours en pleine saison !
On ne se permet pas d’avoir des modules non entretenus, les machines passent donc au quotidien, sauf en cas de mauvais temps sur le snowpark d’Arare et le grand half-pipe.
Travelski : Peut-on avoir une idée des m3 de neige brassée pour le snowpark et l’half-pipe ?
J-N.C. : Pour les deux pipes, on est entre 15 000 et 20 000 m3. Pour le Snowpark d’Arare, environ 50 000m3 sur la saison.
Travelski : Quelles sont les contraintes, difficultés, et risques du métier ?
J-N.C. : Cette fonction demande un certain investissement, pour ne pas dire beaucoup ! Je dois gérer une équipe de passionnés qui s’investit autant dans la saison. Pour satisfaire et fidéliser nos clients, on se doit d’avoir une constance dans la qualité de nos snowparks avec une météo qui fait bien comme elle veut…
Les risques du métier sont divers, surtout pour mon personnel : travail en présence de machine, manipulation des modules, utilisation d’outils, collision avec des clients ou simple chute à ski, les risques sont multiples !
Travelski : Et ses satisfactions ?
J-N.C. : Travailler à la montagne avec tous les avantages que cela apporte pour quelqu’un qui apprécie ce milieu. Avoir la possibilité de faire évoluer un métier encore jeune.
Travelski : Est-ce un métier de saison ou pas seulement ? Que faites-vous l’été ?
J-N.C. : On a maintenant un peu de préparation en automne, surtout avec notre Stash qui demande un entretien annuel de ses modules, et puis il faut toujours lui apporter quelques nouveautés. Pour me reposer l’été je m’occupe des pistes de VTT sur la station !
Travelski : Pour conclure, quelle règle de bonne conduite recommanderiez-vous aux vacanciers dans le park ?
J-N.C. : Garder la tête froide, se mettre la pression doucement pour un maximum de plaisir !
Crédits photos : Pascal Gombert, Cyril Muller, JN. Calvet