Travelski est allé à la rencontre de Jorge Cardoso, le chef du service des pistes de la station de Flaine (Alpes du Nord), afin d’en savoir plus sur ce métier qui ne tolère pas l’approximation et qui garantit votre séjour en toute sécurité sur le domaine skiable.
Ayant une vocation pour le secours, Jorge Cardoso, 60 ans, a commencé sa carrière professionnelle dans le Grand Massif, côté Morillon.
De formation pisteur-secouriste, il a été sollicité pour prendre la direction du service des pistes de Flaine il y a plus de 20 ans, « un domaine particulier et attractif pour l’exercice de ce métier », dit-il.
Il occupe ce poste à hautes responsabilités à l’année et chapeaute une équipe composée de :
- trente pisteurs,
- deux régulatrices secours
- et une secrétaire.
La montagne ça le connaît !
Travelski : Bonjour Jorge, une journée dans la vie d’un chef des pistes, ça s’articule comment ?
Jorge Cardoso (J.C.) : Il s’agit d’un emploi où il n’y a pas vraiment de journée type, mais les journées sont bien remplies et variées ! Nous travaillons en collaboration avec :
- les remontées mécaniques,
- le damage,
- la neige de culture,
- et tous les services que l’on qualifie d’exploitation.
Une journée sans événement tel que le déclenchement d’avalanche, commence vers 7h00 -7h30 par la prise en compte de la situation météo pour l’ouverture du domaine skiable : une première analyse est faite avant que les équipes n’arrivent pour savoir si l’on ne va pas rencontrer de problème pour ouvrir les installations telles que les remontées mécaniques et les pistes.
Vient ensuite l’arrivée du personnel qui se rend sur le théâtre des opérations. Responsable de la bonne marche de la station, je veille à la ponctualité et aux ouvertures en direct.
Pour pouvoir ouvrir le domaine à 9h00 au client en toute sécurité et lui livrer un « produit » fini, le service des pistes assure la régulation et se tient prêt à réagir pour gérer des événements particuliers comme par exemple une machine qui tombe en panne ou autre situation d’urgence. Cela nécessite un contrôle de tout le domaine par le personnel affecté à cette tâche.
Puis vient le contrôle terrain :
- en journée, je prends deux heures pour aller voir comment ça se passe sur les différents secteurs, skis aux pieds. Avec l’aide de mon adjoint, nous analysons les situations particulières et anticipons pour les jours suivants.
- Ensuite, ce sont les secours qui enclenchent à l’aide d’une interface avec les services extérieurs comme le cabinet médical, la régulation du CODIS, les hélicoptères du Samu ou ceux qui sont affectés à l’entreprise pour des cas plus graves. A Flaine, le terrain est particulier, il est parsemé de lapiaz (des trous calcaires, NDLR) ce qui nécessite des compétences et une organisation adaptée à cette spécificité.
- Enfin, comme pour tout cadre qui se respecte, il y a des réunions, des budgets à tenir, bref des tâches plus classiques ! Je passe malheureusement plus de temps devant l’ordinateur que les pieds sur les spatules.
Travelski : Et cas de déclenchement d’avalanche ?
J.C. : En cas de déclenchement ce n’est plus la même musique ! On attaque à 5h du matin et toute une organisation est mise en place pour :
- la réception des matières explosives et autres équipements,
- la répartition,
- la traçabilité,
- le suivi des équipes
- et le déclenchement à proprement parlé.
Tout ça a nous occupe pour être prêts à ouvrir les portes du domaine à 9h00.
Travelski : Ce poste vous occupe à l’année, quelle est votre mission l’été ?
J.C. : Pendant la saison d’été je m’occupe :
- des travaux de pistes (entretien, création, maintenance, etc.),
- du développement du domaine skiable,
- de sa sécurisation.
C’est une activité à part entière.
Travelski : C’est un métier passion très prenant, quelles sont les satisfactions et les difficultés ?
J.C. : Pour être prenant, il est prenant ! Dans la colonne “+” je mettrais la diversité, aucune journée ne se ressemble, on ne peut pas s’endormir et c’est le bon côté du stress. Le mauvais côté c’est qu’on vieillit plus vite que la normale parce que c’est parfois fatigant, les responsabilités doivent souvent être prises dans les urgences.
On n’a pas le droit à l’erreur parce qu’on est le garant de l’intégrité physique et morale de nos clients et de notre personnel. Mais les satisfactions sont à la hauteur des contraintes et du stress.
En résumé, il faut avoir le cœur bien accroché, mais je ne changerais de métier pour rien au monde !
Crédits photos : Jorge Cardoso