Vous êtes confortablement installé sur le télésiège, le téléski ou la télécabine, la vitesse ralentit et tout à coup l’appareil s’arrête ! Bien souvent, il ne s’agit que d’une panne anodine. Mais dans des occasions très rares le problème technique est plus sérieux et il faut évacuer tout le monde de la ligne.
Selon le ministère chargé des transports, on dénombre en France environ 3575 installations (dont les principaux constructeurs sont Poma, Leitner et l’entreprise suisse Doppelmayr) :
- 1101 téléportés c’est-à-dire les téléphériques bicâbles (à va-et-vient ou débrayable) mais aussi les téléphériques monocâbles tels que les télésièges, les télécabines et les funitels ; On compte dorénavant des télémix où cabines et télésièges s’alternent) ;
- 1978 téléskis à perches, à enrouleurs et à câbles bas ;
- 462 tapis roulants de station de montagne ;
- 34 autres installations, à savoir les chemins de fer à crémaillère, les funiculaires sur rails et les ascenseurs inclinés.
Travelski a rencontré Thierry, travaillant au service des remontées mécaniques du domaine skiable des Deux Alpes depuis 35 ans, pour lui demander comment se passe une telle procédure.
Travelski : Pourquoi doit-on parfois évacuer une remontée mécanique ?
Thierry : Le plus souvent on décide d’évacuer les passagers quand on rencontre un problème avec une pièce. Cela arrive notamment si elle est cassée. Avant de procéder à l’évacuation, on envoie des mécaniciens qui vont tenter de réparer la panne. Pendant ce temps les pisteurs-secouristes vont venir informer les clients de la présence d’une panne. Ils vont aussi les rassurer en leur disant que ça va redémarrer.
Si malgré tous nos efforts on ne parvient pas à résoudre le problème, le chef d’exploitation (NDLR : souvent ingénieur de formation) décide alors de lancer la procédure d’évacuation.
Travelski : Quelle est la procédure d’évacuation d’une remontée mécanique ?
Thierry : C’est une organisation très précise, un système bien rodé. Ainsi nous disposons d’un plan d’évacuation qui est validé et testé. On s’entraîne deux fois par an avec de véritables clients qui sont invités à faire les victimes. On a une formation en interne pour cela et tout un suivi afin de répéter les opérations régulièrement et d’avoir les bons gestes.
Tout d’abord, dès que nous avons décidé de faire descendre les clients, nous les prévenons. Nous disposons de beaucoup de matériel pour les avertir. On leur dit de ne pas bouger et qu’on va venir s’occuper d’eux. On commence aussi à mettre en place l’évacuation.
Au sol, les pisteurs préparent les chemins d’évacuation. D’autres personnes interviennent, ce sont les « sauveteurs câbles » et les « sauveteurs sols ». Les « sauveteurs câbles » escalade la construction et plus précisément le pylône et s’équipent. Puis ils longent le câble et vont chercher les clients. Ils les préparent pour la descente en treuil. Une fois prêt, un retour au sol tout en douceur peut commencer.
Le « sauveteur sol », quant à lui, a pour mission d’assurer le sauveteur câble. Il doit aussi réceptionner les clients. Quand il fait beau et qu’il n’y a pas de vent, on utilise en supplément l’hélicoptère. On s’en sert aussi pour évacuer les clients bloqués dans des zones difficiles d’accès.
Dans les airs, il y a toute une préparation :
- Le sauveteur à bord de l’hélicoptère met en place son treuil et dépose un sauveteur sur les sièges. Il équipe la personne avec une sorte de sac pour pouvoir l’héliporter.
- Ensuite, il l’accroche et la ramène sur la piste. L’hiver, les clients gardent leurs skis aux pieds. Ainsi, lorsqu’ils arrivent au sol ça leur permet de glisser sur la neige. Ils empruntent alors les chemins d’évacuation mis en place par les pisteurs-secouristes.
Exemple d’un exercice d’évacuation
Travelski : Quelles sont les difficultés rencontrées ?
Thierry : La météo peut rendre la tâche plus compliquée que prévue. Lorsqu’on évacue une remontée, il y a malheureusement des jours où il ne fait pas beau. Il peut faire très froid et y avoir du vent. Par conséquence, l’arrivée sur les pistes, d’autant plus si elles sont en pentes, peut être compliquée pour les clients. L’évacuation peut aussi prendre plus de temps. En moyenne, une évacuation dure entre 2h30 et 3h. Cela dépend aussi du nombre personnes à évacuer.
Une autre difficulté peut être liée au fait que certains clients ont peur. Ils ne sont pas habitués à ces conditions. Mais une fois qu’ils l’ont fait, ils adorent et sont fiers ! Il y a un vrai accompagnement à faire. On prend en charge le client comme on prend en charge un blessé.
On fait très attention à lui. Lorsque le client ne veut pas descendre, on le contraint avec douceur. On a des petites techniques qui fonctionnent bien. Après avoir été évacué, on offre le vin chaud. Et oui, après l’effort, le réconfort !