Le télésiège débrayable : comment ça marche ?

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Télésièges, télécabines, téléski, téléporté mixte… Il existe un large panel de remontées mécaniques dont il est parfois difficile de s’y retrouver. Les télésièges débrayables, sont eux, de plus en plus nombreux chaque année sur les domaines skiables français. Ils offrent de nombreux avantages pour les skieurs : ils arrivent lentement pour embarquer les passagers et repartent à pleine vitesse une fois qu’ils sont sur la ligne sans parler du confort pour profiter de la vue durant la montée. Les plus attentifs d’entre vous pourront apercevoir le Mont Blanc. 

On entend par “ligne”, la zone située généralement sur les pistes de ski entre les gares de départ et d’arrivée. Elle est composée de sièges (nombre de place variable), d’un câble et de pylônes. 

L’objectif ? Fluidifier l’attente à l’embarquement des remontées mécaniques et amener les skieurs le plus rapidement et avec toujours plus de confort au sommet de la station. Mais comment est-ce possible ? Aurélie Lévêque, directrice adjointe des opérations sur le domaine de Val d’Isère (massif de la Vanoise), nous en dit plus sur leur fonctionnement. 

Sécurité et confort : les avantages du télésiège débrayable 

Sur les 45 remontées mécaniques que compte le domaine skiable de Val d’Isère, 13 télésièges débrayables sont en service. Pour différencier les remontées débrayables des autres, Aurélie Lévêque a sa méthode : « il y a deux types de télésièges : ceux qui vous tapent dans le mollet quand vous les prenez et ceux qui arrivent doucement en gare. Seul le deuxième type de télésiège sera débrayable ».

Le confort est en effet l’un des éléments les plus différenciant entre ces deux technologies. « On a la possibilité de réguler la vitesse d’arrivée du siège en gare avec une remontée débrayable.  Ainsi, les skieurs ont plus de temps pour se préparer et s’installer sur la remontée .» De fait, ces télésièges peuvent aussi aller plus vite que leurs homologues à pince fixe : «  le problème avec les télésièges dits « à pince fixe  », c’est que la vitesse doit être constante en gare et en ligne. On ne peut donc pas aller très vite au final. Avec un télésiège débrayable, il est possible d’aller plus vite en ligne et de ralentir à l’approche de la gare ». Le ressenti pour les usagers est incomparable. 

 L’autre grand avantage des télésièges débrayables est lié à la sécurité des skieurs. Si les précautions à prendre avant d’embarquer sont les mêmes quel que soit le type de remontée mécanique, la mise en œuvre de ces consignes est plus aisée sur un télésiège débrayable. «  Comme ils vont moins vite en gare, les gens ont plus de temps pour embarquer et débarquer. De plus, les agents chargés de l’exploitation de la remontée ont plus de temps pour relever quelqu’un qui est tombé et s’assurer que toutes les consignes de sécurité sont suivies. »

Sur un télésiège à pince fixe, il est par exemple plus fréquent de devoir arrêter la remontée mécanique pour gérer ces difficultés. « Pour toutes ces raisons, on remplace peu à peu nos télésièges pour une technologie débrayable. Sur Val d’Isère, le premier télésiège débrayable a déjà plus de 25 ans ! »

Un exemple de télésiège débrayable à la station Peisey Vallandry

Principe de fonctionnement d’un télésiège débrayable 

Côté matériel, la différence entre le télésiège débrayable et celui qui ne l’est pas est le fonctionnement de la pince qui tient le siège et le câble de la remontée. Sur un télésiège débrayable, cette pince va s’ouvrir et séparer le siège du câble qui le tracte : on dit que le télésiège débraye.

La vitesse du siège est alors décorrélée de celle du câble : grâce à un système de pneus, les « véhicules » vont pouvoir ralentir et accueillir de manière plus confortable les skieurs. Puis l’opération inverse sera effectuée, à savoir l’accélération puis l’embrayage du siège sur le câble. La pince s’ouvre à nouveau et se referme sur le câble une fois que le siège est revenu à la même vitesse que le câble. Le tout sous l’impulsion de la gare motrice (généralement située en amont), qui dispose d’un moteur pour entrainer le câble tracteur et de fait les sièges. 

Sur la majorité des télésièges débrayables, il y a maximum 3 sièges en gare : un dans la zone permettant au siège de ralentir, un dans le contour (soit la zone dans laquelle le siège effectue son demi-tour) et un dans le lanceur, c’est-à-dire la zone d’accélération du siège, une fois les usagers installés.

Un système de cadencement des sièges est installé afin que les véhicules soient toujours espacés de la même manière. Le débit est ainsi plus important, car il est possible de rapprocher les sièges tout en garantissant la sécurité des usagers. « Globalement, ce mode de fonctionnement est le même quelque soit le type de remontée débrayable. C’est valable pour les télésièges, mais aussi pour les télécabines et également pour les téléphériques débrayables »

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Description générée automatiquement

Une maintenance et un entretien plus importants 

 Logiquement, la sécurité et la maintenance sont plus lourdes sur les appareils débrayables que sur les autres types de remontées. « Il faut un capteur pour vérifier le bon embrayage sur le câble, plusieurs capteurs pour éviter les risques de collision entre les véhicules, un capteur pour s’assurer que le câble est correctement positionné avant l’embrayage, ainsi que de nombreux capteurs et sondes au niveau de la motorisation de la remontée mécanique », détaille Aurélie Lévêque.

Les agents chargés de l’exploitation et de la maintenance de ces remontées sont spécialisés et reçoivent une formation spécifique par le constructeur. « Il existe plusieurs types de pinces en fonction de la marque et du modèle de télésiège. Une formation adaptée est donc nécessaire. De plus, les agents en charge des remontées débrayables doivent avoir une meilleure connaissance des gares et du cheminement du véhicule dans la gare pour pouvoir intervenir efficacement »

Enfin, les télésièges débrayables nécessitent un entretien plus important que pour des télésièges classiques : « Tous les 5 ans, on démonte entièrement les pinces. Et tous les 15 ans, on démonte quasiment la totalité de la remontée mécanique pour s’assurer de son bon fonctionnement ». Ces entretiens se font généralement en été, lorsque les télésièges ne sont pas en service. « En juillet/août, le télésiège du Borsat reste ouvert pour les vacanciers. Son entretien est donc généralement programmé à l’automne ».  

Quelques chiffres 

  • Débit : jusqu’à 4500 p/h 
  • Vitesse : jusqu’à 6 m/s 
  • Capacité des véhicules : 4,6 ou 8 personnes 
  • Prix : environ de 4 à 7 millions d’euros 

Les principaux constructeurs du secteur 

  • Poma 
  • Leitner 
  • Doppelmayr 
  • BMF Bartholet 

(source : https://forum.stationsdeski.net/p1000534-les-t%C3%A9l%C3%A9si%C3%A8ges-d%C3%A9brayables)

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