Ski de bosses : comment les avaler avec Fanny Caspar

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Imaginez, vous skiez sur une piste bien lisse, et soudain se dresse un obstacle : une bosse, voir un champ de bosses ! Appelé le ski de bosses, c’est un sport à part entière anciennement appelé ski artistique et acrobatique. Pas de panique, la française, Fanny Caspar vous donne les clefs pour bien les négocier.  

Ecoutez-la bien, elle maîtrise son sujet : ancienne athlète de haut niveau, elle fut ses premiers podiums en Coupe de France, puis championne du monde junior de ski de bosses, membre de l’équipe de France de ski freestyle dès ses 15 ans, coach de l’équipe de bosses d’Australie et loupé de peu une participation aux Jeux olympiques à cause d’une blessure au genou… Aujourd’hui Fanny enseigne le ski à l’ESF et a accepté de faire le point et de partager ses conseils à Travelski. 

Travelski : Fanny, quelles sont les clefs pour appréhender les bosses ? 

Fanny Caspar (F.C.) : Déjà, il ne faut pas voir les bosses comme des ennemies, mais plutôt comme des amies : au lieu de se dire qu’elles vont vous embêter et vous déséquilibrer, sachez qu’elles peuvent aussi vous stopper.

Une bosse permet de prendre appui pour se freiner avant d’engager le virage. Pour bien l’appréhender, il faut arriver équilibré, en ayant le contrôle de sa vitesse et de sa trajectoire, mieux vaut donc arriver doucement, vous pourrez accélérer au fur et à mesure de votre maîtrise. 

Travelski : Il y a deux approches des bosses : les bosses imprévues et inévitables au détour d’une descente et les murs de bosses sur lesquels on va s’engager délibérément. Comment gérer ces situations ? 

F.C. : Plutôt que d’essayer de faire comme les bosseurs à savoir tourner autour de chaque bosse ce qui demande beaucoup d’énergie et une certaine technique, la meilleure solution quand vous avez à négocier un court passage bosselé, c’est de faire de grandes traversées.

Ainsi vous pourrez donner des petits coups de dérapage pour garder le contrôle, ne pas prendre trop de vitesse et vous freiner, mais aussi choisir l’endroit qui vous semblera le plus adéquat ou facile pour tourner. De plus, vous gagnez du terrain en descendant en diagonal. Les traversées, c’est une astuce pour passer des terrains bosselés, je le fais beaucoup faire à mes élèves. 

Travelski : Quelle est la technique à adopter quand on arrive sur les bosses ? 

F.C. : La technique consiste à se laisser monter sur la bosse et de pivoter les skis une fois les chaussures au sommet celle-ci ; les spatules et le talon étant dans le vide, le ski pivote rapidement. Une fois que vous avez pivoté vos skis, laissez-vous descendre en dérapage sur le côté : c’est le début de l’avalement.

Buste et bras devant, essayez d’être bien équilibré et de laisser remonter vos jambes pour suivre le terrain, laisser remonter vos skis, vos genoux et quand vous arrivez sur le sommet de la bosse, penchez le buste et les bras vers l’avant pour que les spatules passent bien vers l’avant. 

Travelski : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’avalement ? 

F.C. : L’avalement est comparable à une suspension de voiture, il consiste à laisser remonter les genoux et les pieds contre la poitrine sur la bosse puis, une fois arrivé sur son sommet, replonger les spatules vers l’avant ce qui s’accompagne automatiquement d’une avancée du buste et des bras. Il faut venir basculer le centre de gravité sur l’avant pour rester bien équilibré. 

Travelski : Quels sont les défauts à éviter ? 

F.C. : Le risque en montant sur la bosse, c’est que le corps et le buste basculent en arrière. Si vous redescendez sans avoir ramené le buste vers l’avant, vous perdrez tout contrôle ! En ski, il ne faut pas se mettre sur le ski intérieur, c’est pareil en bosses.

Ne vous fiez pas aux compétiteurs de ski de bosses qui ont les pieds serrés, mieux vaut avoir les skis un peu écartés et rester sur le ski extérieur. Appliquez la technique de ski traditionnelle. Le réflexe est souvent de se raidir au moindre obstacle, or c’est la chose à ne pas faire : être raide, c’est ne plus pouvoir bouger et foncer tout droit ! Il faut mettre ses muscles en action, mais sans se contracter. 

Travelski : Quel est le secret des bosses ? 

F.C. : Le secret des bosses c’est : 

  1. de contrôler sa vitesse pour contrôler sa trajectoire ; 
  2. de venir sur l’avant pour rester bien équilibré. C’est important de faire un effort avec le buste et avec les bras en avant ça permet aussi de pallier au manque d’avalement ; 
  3. le planter de bâton ! Si vous ne le plantez pas vous partirez en arrière, il vous aide à garder les bras devant, à vous équilibrer et permet aussi de lancer le pivotement. 

Face à un passage bosselé, ne pas hésiter à s’arrêter, se préparer et regarder l’endroit qui semble le moins difficile à négocier avant de s’engager. D’ailleurs en compétition de bosses, on choisit notre ligne. 

Travelski : Justement, passons au deuxième cas, comment s’engager sur un mur de bosses en mode « warrior », comme les champions ? 

F.C. : Il faut d’abord un niveau minimum pour le skieur avant de s’attaquer à un mur de bosses car si vous skiez en chasse-neige vous n’arriverez pas à tourner, vous n’aurez pas la place. Dès que vous tournez skis parallèles, se lancer dans le mur de bosses d’Edgar Grospiron de La Clusaz n’est pas l’idéal, commencez à vous entraîner sur des petites bosses sur les pistes.

Edgar Grospiron, champion olympique en 1992 – Ski de bosses

Véritable discipline, lorsqu’on part dans les bosses, il faut être extrêmement concentré car ce sont des obstacles qui sont sur votre chemin, il ne faut pas y aller la fleur au fusil, c’est une réelle épreuve, une bataille contre la piste ! Il faut mettre beaucoup d’énergie, pas question d’être mou ou attentiste au risque de perdre contrôle et équilibre. 

L’objectif des compétiteurs de ski de bosses, c’est de descendre le plus rapidement possible avec agressivité en gardant la ligne de pente, c’est-à-dire en skiant dans le même axe de haut en bas, et en faisant le plus de virages possibles, ce qui demande vélocité et niaque. Le principe est de venir tourner autour de chaque bosse, en restant bien sur l’avant avec un mouvement d’avalement pour rester en contrôle. 

Petite note finale et récapitulative :  

  • observer, anticiper, choisir son chemin à l’avance ; 
  • rester bien équilibré vers l’avant ; 
  • être à la fois énergique et souple, ne pas se raidir ; 
  • se servir du planter de bâton parce que ça aide. 

 Crédits photos : Fanny Gaspar, Benjamin Calvet 

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