Une journée avec un nivoculteur : “C’est un métier exigeant, mais réellement passionnant”

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La saison de ski n’aurait pu débuter sans eux : les nivoculteurs de la Plagne se mettent à pied d’œuvre dès le mois d’octobre pour permettre aux premiers skieurs de profiter des pistes de ski de la station. L’équipe de Travelski a suivi ces professionnels toute une journée.

8h30 : Surveillance des enneigeurs via le moniteur central

Pour les nivoculteurs de la station de La Plagne, la journée débute à 8h30 dans un petit chalet construit face au Mont-Blanc. La première tâche de la journée consiste en la surveillance des 500 canons à neige répartis sur l’ensemble du domaine skiable.

Tout le suivi s’effectue via un ordinateur central. « Cette année est un peu particulière pour la Plagne, explique Claude, nivoculteur depuis plus de 15 ans. On a réalisé une refonte complète de notre logiciel informatique et nous sommes encore en phase de tests pour nos enneigeurs ».

En règle générale, ces tests sont terminés dès la mi-novembre. « Pour faire simple, le travail d’un nivoculteur se répartit en 4 phases au cours de l’année, détaille Claude.

  • En septembre, on s’occupe de la mise en route de l’ensemble du système d’enneigement de la station et on effectue des tests pour s’assurer que tout fonctionne correctement.
  • A partir de mi-novembre, le froid arrive et on rentre dans une phase de production de neige de culture.
  • A la mi-mars, nouvelle phase de réparation et d’entretien des machines.
  • Et pendant l’été, on réalise l’entretien des lacs artificiels, aussi appelés retenues d’eau. » 

La reconnexion des enneigeurs avec l’ordinateur central a pris plus de temps que prévu cette année. « Il s’agit d’une entreprise compliquée car il faut faire communiquer des enneigeurs de différents modèles et de différentes générations au nouveau système informatique. On fait quasiment du cas par cas pour s’assurer que tout fonctionne ».

De fait, ce matin, l’équipe se répartit en binômes : pendant qu’une personne se rend sur place pour effectuer les derniers réglages de pression, la seconde s’assure que l’ordinateur enregistre bien les modifications apportées.

« Le travail de nivoculteur est varié, reprend Claude. Un matin, on va sur le terrain, d’autres fois on est devant l’ordinateur. On travaille à l’atelier, sur les pistes de ski ou dans les salles des machines, en fonction des besoins. En plus, l’avantage à la Plagne, c’est que le domaine skiable est immense et compte plus de 500 enneigeurs. On ne s’ennuie jamais. »

10h : Appel de la responsable des remontées mécaniques

Ce travail de surveillance est interrompu par la responsable des remontées mécaniques, qui a besoin de connaître plus précisément les avancées des équipes sur le terrain. « On travaille étroitement avec tous les autres services de la montagne, précise Claude. Les remontées mécaniques, mais aussi le damage, le service des pistes, etc. En quelques sortes, nous sommes des prestataires des autres services : ils nous demandent de fabriquer de la neige à certains endroits et nous le faisons, à condition que cela soit possible bien entendu ».

La création de la neige de culture dépend en effet de plusieurs facteurs, parmi lesquels la météo mais aussi les niveaux de priorité des différents lieux de la station.

« On dispose d’un certain nombre de mètres cube d’eau pour toute la saison, explique Claude. Nous devons donc adapter notre travail à l’enneigement naturel et à la météo, pour se rendre le plus efficace possible et permettre aux skieurs de profiter de pistes de qualités jusqu’à la fin de l’hiver. »

La Plagne dispose ainsi chaque année de 550 000 m3 d’eau pour fabriquer de la neige de culture. L’eau est stockée dans des retenues d’eau et est amenée jusqu’aux enneigeurs grâce à un système de vannes.

Pour créer de la neige, il est nécessaire d’atteindre au minimum une température humide de -3°. En effet, l’enneigeur expulse de l’air et de l’eau sous haute pression, mais c’est le froid extérieur qui permet la formation de grains de neige. « On a aussi établi des priorités selon les secteurs, continue Claude. On favorise par exemple les pistes qui relient une partie du domaine skiable à une autre. » Le service de damage de la station étale ensuite la nouvelle neige pour la tasser et la faire durer le plus longtemps possible.

14h : Vérifications des installations sur le terrain

Après une pause bien méritée, l’équipe de nivoculteurs de La Plagne se répartit les différentes réparations et travaux de maintenance à effectuer sur le terrain. Certains niveaux de pression doivent par exemple être vérifiés dans les « regards » (NDLR : qui abritent, pour chaque enneigeur, les réseaux électriques, d’eau et d’air nécessaire à la fabrication de la neige de culture).

D’autres membres de l’équipe vont faire le tour des salles de machine, pour s’assurer de leur bon fonctionnement. « L’ordinateur est capable de détecter les fuites, de nous alerter et de stopper les machines à distance, détaille Claude. Mais le niveau d’alerte ne se déclenche que lorsque la fuite est avérée et une simple visite de contrôle peut parfois prévenir de nombreux soucis ».

Notre guide profite d’un moment de calme pour nous faire visiter l’atelier attenant au bureau. Il s’agit d’un véritable laboratoire qui peut recréer, à la demande, les conditions de froid et de pression pour vérifier le fonctionnement des outils au plus près des conditions réelles.

« Ce métier demande énormément de polyvalence, précise Claude. Il faut s’y connaître en mécanique, en hydraulique, en électricité, en microtechnique… et en informatique ! » Les compétences de l’équipe sont donc variées et permettent de réparer la plupart des pannes. « Le nucléateur est la pièce la plus importante de l’enneigeur, continue le nivoculteur. C’est ce qui permet à l’air et à l’eau de se mélanger. Il faut régulièrement vérifier qu’il ne s’est pas cassé ou simplement encrassé, car autrement, nous ne pourrions pas fabriquer la neige de culture ».

17h : fin de la journée… Mais pas pour tout le monde !

C’est à partir de 17h que les nivoculteurs de La Plagne commencent à rentrer chez eux. Certains d’entre eux resteront d’astreinte à domicile, pour surveiller les différentes installations (salle des machines, perches, etc.) depuis un ordinateur.

« C’est très rare en ce moment que l’on détecte un problème car la production de neige se fait principalement de jour, précise Claude. Mais quand la station sera ouverte aux skieurs, les enneigeurs seront programmés pour fonctionner la nuit et il arrive que des pannes se produisent à ce moment-là. »

La production de neige de culture pourrait en effet gêner les skieurs dans leur pratique et créer des accidents. « On programme une heure de début et de fin de cycle de production sur chaque enneigeur, ainsi que le nombre de mètre cube d’eau à utiliser. »

En cas de problème, il est possible de stopper l’enneigement à distance. Ce n’est que lorsque la panne est très importante que les nivoculteurs sortent de nuit. « Une intervention la nuit est toujours plus dangereuse que de jour, car on voit moins bien et on doit quand même manipuler des appareils très sensibles, explique Claude. On préfère souvent tout arrêter et se rendre sur place au petit matin, pour aller réparer et remettre en fonction ce qui ne va pas ».

Un métier complexe et passionnant !

Le poste de nivoculteur nécessite donc de nombreuses compétences techniques, mais également stratégiques, pour permettre aux skieurs de profiter le plus longtemps possible du domaine skiable.

« C’est un métier exigeant, mais réellement passionnant, conclut Claude. On essaye de vaincre les éléments et de créer de la neige quand il n’y en a pas. Cela représente un vrai challenge pour nos équipes ! Le résultat est tout de suite visible : soit on a de la neige, soit on n’en a pas… On n’a pas le droit à l’erreur. »

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