Être directeur d’office du tourisme est un poste central pour le développement d’une station de ski. Sa mission principale est d’attirer les vacanciers en organisant des campagnes de publicité, des expositions, des visites guidées…
Comme un véritable chef d’entreprise, il devra mobiliser, pour assurer sa fonction, diverses compétences telles que la gestion, une bonne communication et une connaissance pointue du territoire et de ses ressources touristiques (la région, les aménagements culturels…).
Avant d’occuper le poste de directeur de l’office du tourisme des Saisies, Bruno Clément, 44 ans, originaire des Vosges, était entraîneur de l’équipe de France de biathlon.
Il a suivi en parallèle une formation en école de commerce et souhaitait s’orienter vers le marketing qui le passionne, quand il a été contacté par un cabinet de recrutement pour venir travailler aux Saisies et occuper le poste de directeur d’office du tourisme. 0pportunité qu’il a évidemment saisie ! Bruno Clément nous a dévoilé les coulisses de son métier lorsqu’il était en poste.
Sans s’éloigner du secteur du tourisme, il a cédé sa place en 2020 à Olivier Reydellet. Il est aujourd’hui directeur de Montain Collection, une offre d’hôtellerie haut de gamme.
Travelski : Depuis quand exercez-vous ce métier et comment le définiriez-vous, le champ est vaste, non ?
Bruno Clément (B.C.) : Je suis arrivé aux Saisies à ce poste de directeur d’office du tourisme il y a 10 ans, en 2007. Au plus fort de la saison, l’office du tourisme monte à 16 personnes, et emploie 10 personnes à l’année. Le champ de ce métier est vaste et si je dois le résumer de manière générale, je dirais qu’on est à la fois : le bras armé de la collectivité et surtout qu’on est l’outil marketing de la station pour la vendre et la promouvoir, ce qui est vraiment le rôle principal de l’office du tourisme.
Le rôle de directeur d’office du tourisme c’est aussi d’être le chef d’orchestre car pour vendre la destination, on est en relation avec les différents acteurs parce qu’on vend une offre globale, on ne vend pas que de l’hébergement, que du forfait de ski, on vend un tout compris pour nos clients.
Mon rôle est de mettre tous les prestataires et les sociaux professionnels autour d’une table afin que la station s’améliore, évolue et corresponde aux attentes de la clientèle et de monter des produits qui répondent aux attentes.
Travelski : Vous êtes chef d’orchestre et devez forcément avoir un œil sur le futur afin de proposer une stratégie pour l’avenir ?
B.C. : Oui c’est vrai qu’on a une stratégie d’avenir à 10 ans à peu près. Par exemple, je travaille beaucoup avec le directeur des remontées mécaniques, on collabore, on discute de la stratégie ensemble, on l’élabore, on évalue les budgets et puis on la présente aux élus qui interviennent dans un deuxième temps. Ils nous font confiance, nous avons d’excellentes relations.
Travelski : Parmi les qualités que ce poste exige, la diplomatie compte pour beaucoup, non ?
B.C. : Oui il faut faire preuve d’énormément de diplomatie. On est aussi dans du management de projets donc il s’agit d’associer les différentes personnes et de faire appliquer la stratégie qu’on a décidée avec les élus par tous. Il faut que tout le monde aille dans le même sens, c’est important, ce rôle fédérateur est primordial.
Travelski : Est-ce une vocation et qu’appréciez-vous dans ce métier, que vous apporte-t-il ?
B.C. : Ce qui me plaît vraiment dans ce métier, c’est qu’on touche à beaucoup de choses, les différentes tâches à effectuer sont agréables. On est dans un contexte favorable, les gens sont en vacances, c’est agréable, on vend du rêve, des expériences. Faire du marketing dans ces conditions de vie, c’est mieux que de vendre des aspirateurs ou je ne sais quoi d’autre !
Le fait de voir les gens qui ont la banane et qui sont contents de leur séjour, c’est du pur bonheur, c’est ce qu’on recherche et c’est ce qui est important pour nous. Il y a aussi le fait de travailler dans une bonne ambiance, on est une station de taille moyenne, tout le monde se connaît, c’est du travail en équipe et ça c’est important également.
Enfin, le fait d’avoir à la fois le nordique et l’alpin aux Saisies me plaisait bien, étant issu du monde du nordique, ça permettait aussi de continuer ce qui était ma passion.
Travelski : Ses contraintes ?
B.C. : C’est un métier particulièrement chronophage surtout que nous ne sommes pas qu’une station de sports d’hiver mais vraiment une station de montagne, ce qui signifie qu’on a 2 saisons à travailler. En fait on n’arrête jamais ! Les périodes qui sont assez chargées, ce sont aussi les intersaisons puisque ce sont des périodes de préparation.
Pendant la saison, on est aussi particulièrement pris. Et forcément quand on est dans un rôle de direction, on reçoit assez souvent les réclamations venant des socio-professionnels mais aussi des touristes et même si 99 % des gens sont contents, les 1 % qui râlent restent souvent bien marqués et ça peut être un peu pesant !
Travelski : Ses temps forts ?
B.C. : Pour moi les temps les plus forts c’est surtout :
- quand on a des inaugurations ;
- qu’on vient de réaliser des projets qui sont importants et ;
- qu’on en est à la phase où on tire le feu d’artifice.
C’est dans cette phase que je retrouve dans ce que j’ai vécu en tant qu’entraîneur quand la Marseillaise retentit. Pour moi, les différentes concrétisations sont extraordinaires.
Travelski : Justement, de quelles réalisations êtes-vous le plus fier ?
B.C. : A titre personnel, la plus belle pour moi, c’est le centre aquasportif Le Signal, c’est un gros chantier, un gros investissement, beaucoup de pression pour que ça sorte de terre.
Après il y a aussi les anniversaires : ceux des Jeux olympiques, les 50 ans de la station avec tous les anciens maires qui ont participé à cette construction et à cette évolution. Ce sont des moments magiques de partage.
Travelski : Pouvez-vous nous dévoiler un peu du futur des Saisies ?
B.C. : Faire vivre des expériences, des émotions c’est l’avenir et c’est important. Pouvoir retransmettre ces émotions à travers le digital, c’est la solution d’avenir. Ce passage au digital, nous l’avons fait de manière très concrète, ça fonctionne, mais on a encore à innover, il y a encore moyen de créer et d’imaginer des choses pour aller encore plus loin dans ce partage d’expérience.
Nous avons aussi des projets en cours de renouvellement de remontées mécaniques qui sont des moments clés puisqu’on a légèrement augmenté le nombre de lits touristiques sur la station et il faut donc que ça suive en termes d’infrastructures avec des changements de télésiège.
Même si les Saisies ont la réputation d’être un endroit particulièrement bien enneigé à une altitude de 1650 m et que nous avons la chance d’être sur des alpages, on arrive à skier avec 20 cm de neige, on continue à développer notre réseau neige de culture pour sécuriser le ski.
Ce sport reste l’activité principale et maîtresse de notre destination, même si nous avons pris le virage de la diversification depuis 2008 en :
- développant l’activité VTT sur l’été,
- construisant une luge 4 saisons,
- faisant sortir de terre un centre aquasportif …
Mais surtout le beau projet qui nous tient à cœur, c’est la liaison éventuelle avec le domaine des Contamines qui permettrait d’avoir un domaine skiable encore plus grand, ce qui nous ouvrirait les portes de l’international. Ce sera un moment charnière pour nous à un horizon de 5-6 ans.
Comment devenir directeur d’office du tourisme ?
Diplômes et formations :
- BTS tourisme (deux ans après le bac)
- Licence professionnelle dans le domaine du tourisme ou du développement du territoire (trois ans après le bac)
- Master tourisme, un diplôme d’école de commerce ou d’école spécialisée en tourisme (cinq ans après le bac, c’est le niveau recommandé pour le poste de directeur d’office du tourisme)
Information sur le salaire moyen : une fourchette 2 400 à 2 900 euros brut.