Cette année la plus chic station des Alpes fête son 70e anniversaire ! Pourtant elle n’a jamais été aussi pimpante ! Précieux « Diamant des Neiges », Courchevel démontre une renommée internationale et rivalise avec les plus prestigieuses stations du monde. Véritable vitrine du luxe, la station tire son succès de son alliance entre traditions montagnardes, pratique de la glisse et art de vivre. Durant 4 articles nous vous proposons de revenir sur les axes majeurs de cette station dont la réputation n’est plus à faire.
On ne vous conte plus Courchevel, son immense domaine skiable, ses hôtels luxueux et sa clientèle venue du monde entier. Pourtant la station la plus huppée des Alpes a été créée… à partir de rien ! Retour sur quelques décennies en arrière pour découvrir ou redécouvrir les débuts de la Reine des Alpes.
Un site propice aux sports d’hiver
Tout a commencé avec l’arrivée du train jusque dans les vallées dont la ville de Moûtiers au début du XXe siècle. Facile d’accès et rapide, ce nouveau moyen de locomotion attira de nombreux vacanciers à venir passer l’été en altitude, afin de profiter des paysages et de l’air pur montagnard.
Le site attirant de plus en plus de monde et la vallée s’étant quelque peu adaptée à l’accueil de touristes, les vacanciers commencèrent à porter de l’intérêt aux pratiques sportives hivernales. Ainsi les premiers skieurs pointèrent le bout de leur nez dans la fin des années 1920. Les premiers hivernants étaient majoritairement des citadins, provenant de Lyon ou Paris, tous issus d’un milieu aisé avec un attrait particulier pour la montagne. Les archives démontrent que la plupart étaient déjà des skieurs confirmés en quête de nouveaux itinéraires à ski. Leurs récits figuraient d’ailleurs régulièrement dans des revues comme celles du Club Alpin Français et faisaient connaitre les stations naissantes de l’époque comme celle de Saint-Bon.
Louis Curtet, maire de cette commune de 1928 à 1940, a été l’un des premiers à vouloir développer les infrastructures touristiques et améliorer l’accueil des hivernants. Durant son mandat, des chalets-hôtels furent créés sur différents sites tels que Moriond ou Courchevel (l’actuel Courchevel 1550) pour accueillir les touristes et s’en suivit les premières campagnes de communication autour de ces hébergements. Ces campagnes renforcèrent la réputation montante de la station en devenir, bien que celle-ci possédait peu d’installations et un accès encore très difficile en raison des routes fortement enneigées. Car les randonneurs étaient obligés de s’arrêter dans une ville voisine puis de monter à pied ou bien transportés en traineaux par des paysans du coin pour se rendre sur les différents sites de la « station ».
Puis en novembre 1930, Louis Curtet alla plus loin et mis en place le premier ski club de Saint-Bon. Ce club organisait régulièrement des compétitions de ski avec l’aide d’un autre ski club à Lyon. Le succès était tel qu’on lui confia l’organisation du championnat de Savoie en 1938, puis quelques années plus tard en 1944. Ces différentes compétitions sportives démontrèrent un enjeu primordial pour la station en devenir. Véritable temps fort de la vie du village durant la saison hivernale, les évènements attiraient beaucoup de visiteurs et notamment de nombreuses personnalités de la région ! De nombreuses festivités étaient alors organisées en l’honneur de l’évènement, comme des bals ou bien des banquets.
Par la suite, la route fut déneigée jusqu’à Saint-Bon et les transports mieux organisés. Les jours d’arrivée étaient très animés, un grand nombre de véhicules automobiles stationnaient près de la mairie où s’effectuait le transfert vers les traineaux pour l’actuel Courchevel 1550 et Moriond. C’est à cette époque que les premiers moniteurs de ski ont vu le jour, en raison de l’engouement croissant pour la pratique de ce type de glisse (et on les comprend, quoi de mieux que dévaler une piste cheveux au vent ?!) mais surtout grâce au maire Louis Curtet, dont l’ambition concernant le tourisme de la région n’avait aucune limite. D’abord d’origine autrichienne, le métier s’est rapidement propagé chez les jeunes alpins et c’est ainsi que la première école de ski a été créée en 1935.
Des suites de l’évolution croissante de l’activité de la région, c’est tout naturellement que l’on pensa à la construction de remontées mécaniques pour améliorer l’expérience des skieurs et des randonneurs. Cependant avec la déclaration de la deuxième guerre mondiale en 1939, ce projet n’aboutit pas. Il faudra attendre la fin de la guerre pour entreprendre la construction du premier téléski en 1945.
Malgré le succès fulgurant des évènements et installations, le ski n’était pas la pratique favorite des locaux et des visiteurs. Ceux-là optaient plutôt pour les sports en vogue à l’époque comme le patin sur glace, la luge, le bobsleigh, le curling ou même le saut à ski. Le ski comme on le connait était apprécié mais ne présentait pas encore le succès qu’on lui connaît aujourd’hui. Dans ce contexte, le Ski Club de Saint-Bon finança la construction d’un tremplin de saute de 40m afin de répondre aux attentes des visiteurs. Des concours y étaient d’ailleurs souvent organisés et attirait une foule aussi bien locale qu’étrangère à la région. Quant aux courses de luge et bobsleigh, c’était une pratique littéralement incontournable !
Pour la petite anecdote, ces courses s’organisaient à même des routes ou chemins sur neige déjà existants et les candidats s’élançaient sur ces routes à une vitesse bien trop rapide pour être sans danger, sur des engins lourds et non sécurisés et bien sûr, sans aucune protection. On vous laisse imaginer le nombre d’accidents que ces courses ont rencontré ..!
Emplacement idéal, notoriété grandissante, installations et équipements en croissance, toutes les conditions étaient réunies pour que notre célèbre Courchevel voit le jour et monte en puissance.
La naissance de la station
Bien que Courchevel n’ait vu le jour qu’en 1946, l’idée de construire une station de sports d’hiver date de l’entre deux guerres et s’est accrue lors de la notoriété grandissante du site. Cependant la deuxième guerre mondiale repoussa ce projet. En 1942, le gouvernement de Vichy reprit le flambeau et mandata une équipe afin d’évaluer le site des « 3 Vallées ». Durant cette même année, en plein milieu de la seconde guerre mondiale, un jeune architecte savoyard répondant au nom de Laurent Chappis, prisonnier de guerre dans un camp allemand aux côtés d’un ingénieur des Ponts et Chaussées Maurice Michaud, passent leur captivité à élaborer un plan d’installation pour des remontées mécaniques et des centres d’hébergement sur, entre autres, le site de l’actuel Courchevel 1850. Vous l’aurez compris, d’une manière ou d’une autre, Courchevel était destinée à briller et déjà dans tous les esprits avant même sa création !
A la suite de ces différentes évaluations du site des 3 Vallées, Pierre Cot, ancien ministre et président de la commission des finances du Conseil Général, mais aussi Louis Sibué et surtout Pierre de la Gontrie, président du Conseil général lancent l’idée d’un développement des sports d’hiver en Savoie et particulièrement dans le massif des « 3 Vallées » afin de relancer l’économie et d’attirer en montagne une jeunesse désœuvrée et abattue par ces dernières années de guerre. Maurice Michaud prend aussi connaissance du projet qui se concrétise et se souvient de leur projet imaginé pendant leur captivité. Il demande à Laurent Chappis d’approfondir les solutions d’aménagement préconisées en 1942 et dès le début de l’année 1946, Laurent Chappis arpente le terrain et les différents sites choisis afin de relever les plus petits détails sur l’enneigement, les vents dominants, l’ensoleillement afin de proposer des solutions concrètes à la création de la station.
C’est ainsi qu’en avril 1946, le Conseil Général de Savoie délibère pour l’aménagement touristique de la vallée à la suite de la présentation du projet fini de Laurent Chappis concernant la création d’une station de sports d’hiver de 6000 lits sur le site de l’actuel Courchevel 1850. Les travaux commencèrent peu de temps après l’accord du Conseil. Travaux titanesques pour l’époque puisque pour la première fois dans l’histoire du ski et de l’aménagement de la montagne « Tout est à inventer », « Tout est à organiser », « Tout est à définir » ….
En bilan de cette année marquante dans l’histoire du ski on peut retenir :
– Le repérage des 3 vallées à ski pour désigner les pentes les mieux exposées
– Le choix final du futur site de la station
– La décision de construction par le Conseil Général de Savoie
– La prévision et l’obtention du financement
– La conception du plan des pistes et du plan d’urbanisme
– L’acquisition des terrains
– La réalisation de la route d’accès
– La réalisation des lignes électriques, téléphoniques et l’adduction d’eau
– La construction des 2 premiers téléskis
– Le balisage de 3 pistes de ski
– La construction du premier hôtel : l’hôtel départemental des 3 vallées
– L’accueil des premiers clients dès l’hiver 1946 !
Une année riche en innovation pour la naissance d’une station qui deviendra au fil des décennies une référence dans le milieu des sports d’hiver aussi bien pour la pratique du ski que pour l’art de vivre et l’image qu’elle dégagera au fil du temps. Une ascension bien glorieuse pour cette station partie de rien mais qui aujourd’hui figure dans le Top 5 des stations les plus huppées du monde ! Pour découvrir l’intégralité de l’histoire de Courchevel ainsi que son évolution jusqu’à nos jours, rendez-vous sur le site officiel de Courchevel !